La 9e édition des Enduro Mag Days s’est déroulée à Bagnols (63), un lieu déjà visité par notre organisation il y a cinq ans.
Il nous tardait de revenir, tant le village est idéalement placé en ce qui concerne l’enduro, tout en étant extrêmement accueillant et doté d’un charme indéniable. Résultat, tout le monde a passé un excellent week-end. On vous raconte.
Tradition annuelle à la fin de l’été, les Enduro Mag Days 2024, édition #9, faisaient leur retour à Bagnols. Un site mythique pour nous, membres de l’équipe, puisque c’est sur ces terres que nous avons organisé par nous-mêmes l’événement pour la première fois. Mythique aussi par sa place dans le cœur de Pierre Pallut, le grand mani- tou, qui passait tous ses étés en culottes courtes dans les chemins avoisinants, son père natif du village y ayant eu une maison de campagne. Le retour devait déjà se faire l’année dernière, mais a dû être repoussé d’un an à cause des travaux de la salle des fêtes, un des centres névralgiques de la manifestation, qui avaient pris du retard. Cette
fois, c’est donc bel et bien dans une salle des fêtes flambant neuve que je débarque jeudi soir pour prêter main forte à l’équipe d’organisation, aussi compacte qu’efficace. Absent l’année dernière pour cause de Motocross des Nations en France à la même date, je ne pouvais décemment pas rater une autre édition, qui plus est à Bagnols !
Bien arrosée en 2019, la première sur ce spot avait pourtant laissé un souvenir impérissable aux inscrits de l’époque. Et ce, pour une raison : la qualité des chemins. Pour avoir roulé quelques reconnaissances avec Rodo (Sabatier, l’ex-rédac chef d’EM) et Pierre avant l’événement en 2019, je savais déjà que de ce côté-là, la partie serait gagnée à coup sûr. Pourquoi ? Parce que Bagnols, idéalement située entre le Puy-de-Dôme, le Cantal et la Corrèze, est entourée d’un réseau de chemins dont chaque enduriste ne peut que rêver. Beaux, techniques, variés, offrant de splendides points de vue, tout est réuni. Qui plus est, Pierre connaît chaque caillou par son prénom dans le coin et est donc capable d’improviser en fonction des difficultés éventuelles qui pourraient survenir.
70 motos à l’essai
Dès jeudi soir, le très paisible bourg de Bagnols commence ainsi à se colorer de remorques, camping- cars et autres fourgons tout autour de la place de l’église, située comme il se doit en plein centre. Pas de quoi affoler la population locale qui voit arriver ces envahisseurs pacifiques avec bienveillance. Une vertu heureusement encore bien présente dans ce genre de coin de la France. Les plus énervés sont déjà là car dès vendredi matin s’ouvrent les contrôles administratifs, mais aussi, pour la première fois, les essais de motos des constructeurs à 10h, quand il fallait attendre 14h auparavant, sur une spéciale dédiée à 2 minutes seulement du camping qui sert de village exposants.
Comme c’est désormais la coutume, on a fait le plein de motos à essayer, avec près de 70 machines disponibles : toute la gamme Beta, des GASGAS, toute la gamme Honda RedMoto, des Husqvarna, la Kawa KX300X, des KTM, des Rieju, toutes les Sherco Fac- tory et des TM Racing, plus en bonus des trial 2025 (Beta, Sherco et Montesa), des trails (Yamaha Ténéré et Suzuki V-Strom, toutes en pneus TT), des play- bikes électriques (Niu, Rieju) et même des speedbikes (LMX). Un peu à la bourre pour prendre mon poste dans la spéciale, on me dit de me dépêcher parce qu’il y a déjà beaucoup de monde sur la boucle d’essai. Effectivement, dès 10h30, les essais s’enchaînent devant moi. Les traces se forment, la piste se nettoie. Juste en face de la sortie de la spéciale d’essai se trouve l’entrée de la spéciale Dafy “libre”, comprenez par là accessible uniquement avec sa propre moto. Là aussi, ça commence à bien se remplir. Incontestablement, nos gars n’ont pas signé que pour la visite de la place de l’église et il n’est même pas 11h du matin, vendredi ! Il faut dire que les plus doués d’entre eux, du moins ceux qui savent lire, ont détecté la présence d’un challenge avec Xavier de Soultrait au guidon de sa 890. Ambassadeur KTM
Adventure, notre vainqueur du Dakar cette année en SSV met au défi les participants au chrono ! L’idée ? Battre sa pendule réalisée avec la Grosse Bertha pour empocher un chèque-cadeau Dafy de 300 €. OK, ça peut sembler tentant, mais reconnaissons que ce n’est pas facile. Après avoir assisté à quelques passages de XdS dans la spéciale, je me dis que finalement, Dafy ne prend pas grand risque sur ce coup-là ! Après Xavier, c’est le leader du championnat de France J2, Mathis Juillard, qui vient enflammer la spéciale, avant que ne passent également Fabien Planet, toujours adepte du gros gaz, Antoine Basset et même le leader du championnat de France E1, Hugo Blanjoue. Une pluie de stars !
Stars, mais pas trop
Les inscrits venus rouler n’en perdent pas une miette et peuvent se régaler du spectacle tout en tapant la discute avec ces “stars” si accessibles. « En fait, il est super sympa Xavier de Soultrait, me glisse Hugo, qui enchaîne les tours. Il est exactement comme dans ses interviews à la télé. » Voilà, c’est ça. Il n’y a qu’un XdS et il est égal à lui-même. Pas plus de melon chez nos autres pilotes, d’ailleurs. Après avoir étiré le challenge chronos jusqu’à l’heure de l’apéro, ou presque, c’est enfin l’heure d’aller dîner. Parce que demain, grosse journée, avec deux boucles de 65 kilomètres chacune ! Samedi matin, grand soleil et température clémente. L’idéal pour aller rouler ! Ce que je m’empresse de faire avec une moto généreusement prêtée par Fabien Planet et le staff Sherco. Notez que j’aurais également pu solliciter Loc’Rider et ses KTM enduro qu’il proposait à la location sur place. GPS bien en place, je m’élance dans la boucle baptisée “Intense Artense”, du nom de la région traversée, l’Artense, avec deux jeunes collègues.
Pour le moment, pas besoin de guidage, il y a du monde dans les chemins. Et là, ça devient rapidement Disneyland on wheels. Ça monte, ça descend, ça tournicote. Rien de bien compliqué ou difficile, mais que des chemins joueurs. Pierre Pallut a manifestement évité quelques coquineries dont je me souvenais d’un essai en 2019, notamment une intense pente en cailloux type voie romaine, en plus musclée. Là, sûr qu’il faut rester vigilant par rapport à ce qu’on a sous les roues, mais ça passe tranquille, tout en n’étant jamais “ennuyant”, comme le disent les Tiktokards. Une fois dans le rythme, on oublie tout pour se concentrer sur le pilotage et le paysage, très joli dès qu’on sort des sous-bois. Un petit bouchon causé par une montée un peu franche nous donne l’occasion d’échanger avec des pilotes. « Pour l’instant, top. Mieux que l’année dernière où il fallait faire des bornes de pistes avant de trouver du technique, m’explique ce pilote Yamaha dont j’ai oublié le prénom. En plus, il n’y a pas de poussière ! » Vrai que ça, je l’avais remarqué. Ni gras ni sec, le terrain grippe et, en plus, ne soulève pas de peuf.
Petite Scandinavie
Après avoir aidé mon pote Yann à passer sa moto dans ce petit coup de cul, on arrive à un superbe point de vue, qui permet de découvrir cette superbe région sur des kilomètres. Bagnols étant déjà perchée à 700 mètres d’altitude, on a tôt fait d’avoir de la vue quand on monte un peu. Trois heures plus tard environ, retour à la salle des fêtes pour constater que le traiteur, le même depuis quelques années, reste à la hauteur de sa réputation. A part une entrée discutable à base de poisson (j’aime pas ça !), on s’est régalés tout le week-end. Même pas le temps de digérer que Vinz’, le rédac-chef de ce magazine, et moi sommes repartis, direction la boucle “Petite Scandinavie”. Si le riding est tout aussi fun, les chemins sont différents, avec beaucoup plus de zones humides autour des nombreux lacs et étangs qu’on est amené à longer et qui, effectivement, rappellent les pays du Nord.
C’est justement le long d’un des ces innombrables lacs que Pierre Pallut a placé un morceau de bravoure, avec un sentier particulièrement retors, entre pierres glissantes et racines à nu. Les présents savent de quoi je parle ! Mais pas de risques de bouchons puisque c’est assez large pour passer à côté. Ensuite, on coule doucement vers l’arrivée. Le temps de se faire beau pour le repas et c’est déjà l’heure du show. Entre tombola, avec quelque 10 000 € de cadeaux à se partager, show trial par Alex Ferrer et son acolyte, puis LA soirée avec Divine, déjà vue l’an dernier, et une nouvelle amie, disons qu’il y en avait pour tous les goûts. Une fête qui nous ramène à une époque plus débridée, pré-#metoo… Le lendemain, c’est dur pour quelques- uns et notamment certains du staff. Une histoire de génépi, selon les explications fumeuses du concerné. N’empêche qu’il faut aller bosser et c’est moins marrant, ce dimanche matin, avec une bonne grosse pluie en continu. Je croise des potes qui jettent l’éponge. « On s’est régalés hier, je n’avais pas roulé depuis trois mois, c’est bon, j’ai mon compte. Je rentre. » Pas de quoi jeter la pierre, il faut le dire. Assigné à la pause du midi à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, les grappes de pilotes arrivent trempés mais ravis. « Franchement, c’est cool. Je pensais que ça allait glisser, mais même pas, les cailloux grippent ! »
Cèpes et Romaniacs
Une petite cuisse de canard/lentilles et c’est reparti, même si certains prennent tout de même l’option de rentrer par le bitume. Attention toutefois à bien respecter le code de la route et la population locale. On a été témoins de quelques comportements, certes très marginaux, mais pas très “enduristes ” et qui pourraient nuire à long terme à ce genre d’organisation. N’oublions pas qu’on n’est que de passage chez ces gens, qui nous accueillent avec bienveillance sur leurs terres ! Pour nous, une dernière petite galère : aller sortir la moto d’un inscrit, Arnaud, tombée en contre-bas d’un ravin, jusqu’à un lac. Une mission pour Brice, évidemment, bras droit musclé de Pierre et ancien vainqueur de la Red Bull Romaniacs en Bronze, pour vous situer le niveau du bonhomme. Arrivés à la moto, je me gratte la tête pour savoir comment on va faire pour la sortir, même à quatre, dans une sorte de piste noire en free- ride sur quelques centaines de mètres. Son propriétaire est encore moins serein, d’autant que le guidon est tordu et qu’il n’a plus de frein avant. « Tu vas m’assurer là, je vais bien réussir à monter jusqu’ici… » Et hop, en même pas un quart d’heure, l’Husqvarna blessée retrouve un vrai chemin. Brice, en baskets, l’a remontée quasiment à lui tout seul, sans qu’on ait beaucoup à intervenir, tout en cueillant les cèpes qu’il avait repérés en cherchant la moto ! Là, tu sais pourquoi tu payes ton engagement : aux EM Days, on ne laisse personne au bord du chemin ! Au moins, le propriétaire, Arnaud, aura quelque chose à raconter à ses potes, lui qui n’en revenait pas de ce qui venait de se produire. Des aventures comme ça, on pourrait en raconter plein d’autres si on avait la place. Mais vous savez quoi ? Le mieux est de venir les vivre en vrai avec nous l’année prochaine. Ceci dit, pas sûr qu’on arrive à faire aussi bien que cette édition, la best ever selon moi. Remarquez, l’année prochaine, on fêtera les dix ans…